La où le bonheur se respire – Sophie Tal Men

Feel Good

Odorat : (nom masculin) Sens qui permet de percevoir les odeurs. L’un de nos cinq sens qui nous permet de sentir, de ressentir ces odeurs réconfortantes qui peuplent et font notre quotidien, auxquelles nous sommes habituées, sans lesquelles nous pourrions avoir du mal à vivre. L’odeur du café chaud et la sensation de tranquillité qu’elle me procure. Celle du pain chaud et la gourmandise qui éveille mes papilles. Et bien d’autres encore.

Là où le bonheur se respire, Sophie Tal Men

Le parfum a toujours été pour moi une signature, la touche finale apportée à ma tenue le matin. Une fragrance qui en dit plus sur notre personnalité que tout le reste au premier abord. C’est toujours comme cela que je l’ai perçu, comme une extension de moi même. Aussi il m’a été compliqué d’en choisir un, personnel, qui me plaise, qui ne donne pas la nausée à ceux qui m’entourent et qui laisse dans mon sillage une effluve.

Cela peut paraître futile, mais mes parents ont toujours eu cette odeur bien à eux, dont je me rappelle depuis l’enfance – Habit Rouge et Shalimar de Guerlain -. Ces fragrances sont pour moi des odeurs doudous, refuges, et ce même à trente-quatre ans. Tout comme la mer, et ses embruns, et cet iode que j’aime respirer à pleins poumons lors de mes séjours dans ma Bretagne chérie.

J’aime ma Bretagne autant que je déteste Brest – tout du moins de façade et pour faire rager mes amis brestois – même si j’ai été contente d’y remettre les pieds le temps d’une lecture, d’un voyage des sens, avec Là où le bonheur se respire : « Pour Lily, apprentie parfumeuse, les parfums subliment la vie : ils nous construisent, nous éveillent et nous guident. Aussi, quand sa petite soeur Clarisse est hospitalisée à la suite d’une grave chute de cheval, Lily fera tout pour stimuler ses sens et lui redonner le goût de vivre. Sa méthode, retourner sur l’île d’Ouessant, berceau de leur enfance, à la recherche des odeurs chères à Clarisse.
A l’hôpital, seul Evann, externe en médecine, soutiendra son projet fou et un lien fort naîtra entre eux. Au fil du temps, les deux complices réaliseront que c’est leurs âmes blessées qu’ils cherchent à soigner, car prendre soin des autres, c’est aussi prendre soin de soi.
« 

La vie trépidente de mes internes de médecine m’avait manquée. Retourner au Gobe Mouche, marcher de la gare à la marina, voir naître des histoires d’A, rue du Bois d’Amour. C’est un peu comme retrouver des amis de longues dates. Et dans un sens, Brest m’a permis de nouer mes plus belles amitiés, je suis un brin nostalgique en un sens.

C’est dans ce décor et sur l’ile d’Ouessant, que deux sœurs diamétralement opposées, sauvages et libres, à leur manière, vont réapprendre à s’apprivoiser, à se comprendre, à ne pas se juger. Qu’un homme et une femme vont faire fi de leurs peurs, panser leurs maux et s’aimer. Que les protagonistes font faire preuve de résilience et accepter que la beauté du monde soit perçu par chacun de sa propre manière, de ses propres ressentis.

Retrouver la plume de Sophie Tal Men, et la mêler à mes souvenirs olfactifs fut un moment de félicité absolue, bien trop court à mon sens, car j’ai dévoré Là où le bonheur se respire en deux jours. J’ai aimé retrouver Brest, ses rues, son port, sa marina et surtout – sa proximité avec la mer – ainsi que le personnage de Marie-Lou. Je vous souhaite de vous remémorer comme moi ces parfums de l’intimité et du réconfort.

Belle lecture à vous !

Là où le bonheur se respire de Sophie Tal Men est disponible aux éditions Albin Michel

Va où le vent te berce – Virginie Grimaldi

Feel Good

Brestois : (nom masculin) Personne têtue et résiliente, taiseux parfois, de mauvaise foi toujours. Amateur de beurre salé – un breton sans beurre, c’est un breton qui meurt – et des embruns. Estime en grande majorité que la Bretagne se définit au Finistère et que les autres départements sont superflus. 

Va où le vent te berce, Sophie Tal Men

Brest. Cette ville que je déteste et que j’aime à la fois. Ville qui a vu porter mes espoirs de jeunesse, mes rêves estudiantins et qui vu naître ses amours avortés. Ville dans laquelle j’ai vécu le temps de mes études, du Lycée à la fin de Master. Ville de marins, bercée par la mer qui l’enlace et les bars de Kersauson. Brest. Cette ville que je déteste mais qui me rassure, parce qu’immuable, comme les amitiés que j’y ai créées.

Vivre à Brest. Hors de question. Mais lire Brest, avec grand plaisir. D’autant plus quand il s’agit de s’immerger dans les aventures de « Breizh Anatomy », des internes en médecine de Sophie Tal Men, aux vies pleines et truculentes, qui nous font passer du rire aux larmes. C’est avec une hâte non dissimulée que j’ai entrepris ma lecture de Va où le vent te berce, fébrile à l’idée de retrouver la rue du Bois d’Amour et ses charmants occupants. « En intégrant une association de bénévoles à l’hôpital, Gabriel devient berceur de bébés. Anna, jeune médecin, s’apprête à mettre au monde, seule, son premier enfant. Chacun a son propre combat à mener, un fossé les sépare, et pourtant leur rencontre va tout changer. Et si, ensemble, ils apprenaient à se reconstruire ? À vaincre leurs peurs et à affronter les fantômes du passé ?« 

C’est avant tout l’histoire de rencontres. De celles qui changent votre vie à jamais. Pour le meilleur. La rencontre d’une mère avec ses enfants. Cet amour inconditionnel et instantané, qu’on appréhende, tantôt pataud, tantôt virtuose. La rencontre de deux êtres abîmés par la vie, sauvages, qui trouvent en l’autre une planche de salut, une fois les masques tombées. La rencontre d’un homme avec lui-même, par le biais de son contact privilégié avec les enfants.

C’est aussi la vie en ‘tribu’. Celles des internes de médecines, liés par leurs études, les nuits blanches, leurs vies, qui les malmènent parfois. Cette famille qu’ils se sont créée et qui prévaut sur le reste.

C’est surtout l’histoire de la vie. Celle qui vous malmène, et vous laisse des séquelles. Celle qui blesse des enfants, trop innocents pour se défendre et qui abîme des adultes pas préparés à tant de cruauté. Celle qui vous répare également, qui vous grandit, qui vous construit, qui vous fait vous dépasser, devenir la meilleure version vous même. Cette histoire qui a raisonné en moi d’une façon singulière, qui a trouvé un écho dans ma propre vie.

Cette lecture fut un vrai coup de cœur. Aussitôt achetée, aussitôt dévorée. Impossible à reposer tant les émotions qu’elle a suscité en moi étaient fortes et profondes. Je ne remercie pas Sophie Tal Men de m’avoir tirer les larmes dans les transports en commun, Malgré tout, je ne saurai que vous recommander cette belle histoire de résilience qu’est Va où le vent te berce. Parce que les mots décrivent à merveille les sentiments. Que le pathos n’a jamais sa place. Et que les histoires d’amour qui ne nouent sous nos yeux sont tissées par des liens indéfectibles.

Belle lecture à vous !

Va où le vent te berce de Sophie Tal Men est disponible aux éditions Albin Michel accompagné de sa bande-son Brest, Miossec

 

Qui ne se plante ne pousse pas – Sophie Tal Men

Feel Good

Gourmandise : (nom féminin) Caractère, défaut de celui qui est gourmand. Que quoi ? Cette définition insinuerait elle que je puisse avoir des défauts ? Mais également douceur, chose que l’on aime manger. Je préfère nettement cela.

Qui ne se plante pas ne pousse jamais, Sophie Tal Men

Quand j’etais enfant, j’aimais explorer les saveurs, des palettes sucrées ou salées. Et ce que ce soit en étant le comis de cuisine de mon Papa, en savourant les goûters d’été chez mes grands parents, en ayant la chance de dîner de repas d’adultes. Cela a eu pour résultat de me former le palais, et de faire de chaque repas un moment de fête. Je me suis ainsi affublée de l’adjectif ‘gourmette’. Ce qui n’allait pas sans déclencher l’hilarité générale.

De cette époque innocente, j’ai gardé la volonté de faire rire autrui, même à mes depens. Surtout à mes dépens. Mais également mon amour des arts de la table. Mes goûts évoluent au fur et à mesure du temps. Ma dernière lubie étant les mets sucrés épicées, tel que les chocolats ou le thé. En cet hiver interminable, cela me donne du baume au cœur et de la chaleur.

Coupler à cela mon amour de la Bretagne, il ne m’en fallait pas plus pour croquer à pleine dent le dernier roman de Sophie Tal Men, Qui ne se plante pas ne pousse jamais. Je vous laisse prendre connaissance de cette nouvelle aventure chargée d’embruns et de rhum avec ces quelques lignes : « Lorsqu’elle apprend qu’elle est malade, Jacqueline mesure plus que jamais le prix de chaque instant. Au crépuscule d’une vie riche d’expériences et de souvenirs, elle veut faire partager son goût du bonheur aux deux êtres qui comptent le plus à ses yeux. Alexandre, le garçon qu’elle a élevé, jeune interne en médecine, et Margaux, sa petite-fille, qui travaille dans l’illustre chocolaterie familiale. Tous deux ne sont qu’à la moitié du chemin et déjà happés par leur vie professionnelle ! Depuis les falaises du Cap Fréhel où la vieille dame les a réunis, elle met sur pied un projet un peu fou pour qu’enfin ils ne s’empêchent plus de rêver et écoutent battre leur cœur. Car savoir qui on est, c’est savoir où on va… sans redouter les obstacles qui vous font grandir ! »

On quitte non sans regrets le Finistère pour planter l’intrigue entre la côte de granite rosé, La Havane et Paris. Enfin pas reellement, les quelques scènes à l’internat de Quimper, qui se recoupent avec quelques moments De battre la Chamade nous permettent de tourner la page en douceur sur les aventures de Marie Lou et Matthieu.

Sous des effluves de chocolats et des saveurs au doux parfum de madeleine de Proust, nos nouveaux amis, Margaux et Alexandre, vont apprendre beaucoup. Apprendre la valeur de la vie dans son caractère éphémère. Savourer les instants qui nous rendent vraiment heureux et à se cristalliser autour. Faire son deuil. Des disparus. Mais également de ce qui nous rend malheureux malgré nous.

Cette lecture gourmande s’est faite d’une traite, avec sourires et larmes au coin de l’oeil. On assiste à des moments de vie qui pourraient être les nôtres. A la rencontre de générations qui confrontent leur jeunesse et leur peur de vivre, avec le grain de folie et impétuosité de ceux à qui il ne reste que peu de temps.

Avec Qui ne se plante pas ne pousse jamais, Sophie Tal Men nous fait vivre une jolie tranche de vie emplie d’une palette d’émotions qui sont les nôtres. Si ce n’est déjà fait, chers amis bretons (et non bretons) courez chez Dialogues vous procurez ce dernier roman de mon auteure lorientaise préférée.

Qui ne se plante pas ne pousse jamais de Sophie Tal Men est disponible aux éditions Albin Michel.Et a pour effet secondaire de donner de fortes envies de chocolat.